Terres, terroirs, territoires, en janvier 1997

Publié le par CAVERI

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Le 21 décembre 1997, j'écrivais dans les pages de mon Journal: "De Rimbaud : que dire? C'est un énorme incendie! Tout brûle à son approche: du feu libérateur! Et ceci (un peu au hasard):"
"Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine ,comme un trésor dans la forêt!
-- Bonne chance, criais-je, et je voyais une mer de flammes et de fumée au ciel" (...) 
Et un peu plus loin:
                                    Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice.
Je n'ai jamais été de ce peuple-ci;
je n'ai jamais été chrétien;
je suis de la race qui chantait au supplice;
je n'ai pas le sens moral, je suis une brute:
vous vous trompez..."
Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête ,un nègre. Mais je peux être sauvé.
Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares"...
(Mauvais sang, in  Une saisons en enfer)
"
Rimbaud est une source à laquelle il faut retourner quand l'indifférence qui règne dans le monde devient trop insupportable. C'est une source d'où les flammes jaillissent et explosent en mille illuminations. Tout comme celles qui abreuvent la culture prolifique des initiés australiens (les "aborigènes" bien entendu et non pas les "faux nègres")ou celles des peuples du Vanuatu, aux totems prodigieux!
Viviane Forrester citant Rimbaud, previent et nous previent, dans son essai sur "L'horreur économique":
           
"On découvre ici les sentiments réels éprouvés à l'égard des autres par ceux qui dominent sous n'importe quel régime (...) d'exclu on devient expulsé (...) comme la société devient sévère, comme il n'est plus ou presque plus de recours si l'on est demuni  (...)S'installent alors des clôtures, la forclusion sociale. Et s'accentue l'absence générale et flagrante de rationalité (...)
              "Ce n'est pas seulement injuste, c'est d'une atroce absurdité, d'une bêtise consternante, qui rend comiques les allures suffisantes de nos sociétés dites civilisées..."
A la lumière de ce qui se passait alors, je retrouve un écho dans tout ce que nous vivons actuellement. A travers ce carnet que j'avais dénommé   Terres, terroirs, territoires, en janvier 1997, se profilaient dans mon esprit, tous ces lieux où je retraçais, comme dans une nouvelle géographie, les corps brimés de tous les peuples du monde, qui se battaient et se battent  encore pour leur survie.

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